Extrait des carnets d'exploration Anselme Laventure
Les orques vivent regroupés en communautés villageoises. L’éducation des mâles se fait dans la rudesse, et ce dès le plus jeune âge. C’est particulièrement vrai pour quelques tribus du nord vivant dans des contrées adossées au plateau du Grand Kric’Meucroc. Dire que ces petits guerriers en puissance ne sont pas tendre entre eux est un euphémisme. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une étude éthologique dans ce monde de brut que deux scientifiques (enfin un, puisque l’autre a alors sacrifié son corps pour la Science en menant cette enquête selon la méthode d’observation participative…) ont déterminé ce qu’ils ont nommé le syndrome du jeune orque : plus un membre donnera des signes de faiblesse, le moindre handicap moteur, plus les autres membres s’acharneront sur lui, jusqu’à une mort probable. Jeux de chasse, de défense de territoire (entre la rivière et le feu communautaire par exemple) sont courants. Chacun sait par ailleurs que les orques jouent au Blood Bowl depuis qu’il existe. Cela est du notamment à cette tradition ancestrale activement entretenue autour du plateau. Il n’est pas rare que le crâne d’un nouveau né malingre et malmené par ses congénères serve de ballon à la joyeuse troupe.
[...] Il en va ainsi des enfants du roc édenté, du nom d’une paroi flanquée de deux pics semblables aux canines inférieures protubérantes des orques, dont l’un fut brisé en des temps anciens selon la légende, par un coup de pied du plus grand botteur de tous les temps, Tîr-Boulet’. La canine est désormais un promontoire sacré, sorte de pied d’estal sur lequel le sorcier, ou le coach selon la nature de la cérémonie, se dresse pour hurler quelques sombres incantations en effectuant de sanguinaires sacrifices.
[...] Le cas des orques noirs est admirable, du point de vue de leur rite de passage à l’âge adulte. Le petit orque (même s’il est déjà d’une bonne taille), à peine en capacité de courir, encore maladroitement sur ses deux jambes griffues et juste légèrement velues, est abandonné dans la forêt (encore de nos jours infestée d’elfes) avec pour seul bagage une besace de cuir sous le bras contenant de rares objets utilitaires ou symboliques et qu’il devra rapporter au village après avoir affronté mille dangers, pièges du terrain et ennemis naturels se plaçant en travers de sa route. Alors seulement il sera admis comme membre responsable à par entière de la tribu et pourra prendre femelles de son choix. Plusieurs d'entre-eux, car en dépit d'un flair développé ils n'ont aucun sens inné de l'orientation, ont été adoptés chez les enfants du roc édenté. Les meilleurs parmi les survivants sont souvent repérés par les sélectionneurs des grandes équipes de Blood Bowl. Certes avec encore moins que les autres orques de notions de passe et réception du ballon, mais avec un instinct de protection du ballon incomparable !